Prostitution: Hiatus entre la loi et la réalité
Nonobstant certaines dispositions du code pénal qui interdit la pratique de cette activité, il demeure qu’elle prospère sur le terrain ceci sous la barbe des autorités qui souvent sont des bon clients.
Malgré son interdiction par la loi, la prostitution prend de plus en plus l’ampleur. D’après la réglementation camerounaise, la prostitution est une infraction et les auteurs s’exposent à une peine d’emprisonnement. Certaines dispositions du code pénal camerounais prévoient un emprisonnement de six mois à cinq ans et une amende de 20.000 à 500.000 FCFA pour la prostitution. Ce qui ne semble pas inquiéter les vendeuses de sexe. «Cette loi ne me dit rien, étant donné que certains de mes clients réguliers sont des hommes en tenue. Ils nous protègent en échange de notre corps. Quand parfois, il y’a patrouille nous ne sommes pas inquiétées par la police, ce sont nos gens…», lance une prostituée âgée de 20 ans. Plus encore, le métier selon certaines de ces belles de nuit, est soutenu par certaines autorités. « J’ai mon oncle qui est colonel à Bonanjo qui m’avait dit que si quelqu’un me dérange à la Elf, je l’informe rapidement. En dehors de cet oncle, j’ai mes relations avec les Boss de ce pays. J’ai mon cahier dans lequel, j’ai inscrit les numéros de téléphone de toutes mes relations en cas de problème. Je n’ai plus tellement besoin de l’aide de ma famille, j’ai eu tellement les cotes ici à la Elf, même au commissariat du 8eme, on ne peut rien me faire, je n’ai pas peur », confie Niki une prostituée âgée de 35ans. Plus loin, une des prostituées nous interpellent. Tout à son aise, elle affirme que « même certaines grandes autorités nous connaissent, j’ai le numéro d’une grande personne de ce pays que si je vous donne son nom, vous n’allez pas croire. Mais je garde mon secret. C’est en cas de problème que moi je l’appelle » explique –t-elle Il en ressort de ces propos que le mal est plus que jamais profond. Le soutien de manière souterraine de cette activité par certains acteurs institutionnels rend son irradiation difficile et voire même impossible. Et du coup la loi ne reste que des simples textes. Il y’a plus d’objectivité dans son applicabilité surtout qu’une bonne frange d’autorité est mouillé dans l’affaire, «Je n’ai pas peur des flics.il y’a des nuits où je me rends dans le bureau de mon client lorsqu’il assure la garde. Je m’occupe de lui et après il me raccompagne», renchérit une autre prostituée. C’est cet état des choses qui fait dire à un procureur en service au tribunal de Ndokoti qu’il n’est pas toujours facile d’appréhender ou d’apprécier le délit de prostitution. Il est identique selon lui à celui de l’homosexualité pourtant juridiquement garanti. Celui-ci relate que face à un fait de prostitution bien circonscrit à laquelle on a bien suivi et dire le droit, il est commun de recevoir aussitôt une note anonyme d’intervention suivi d’un coup de fil occulte à son standard avec des injonctions d’abandonner les poursuites sous peine de licenciement ou au péril de sa vie en cas de refus d’obtempérer.
F. F