Interview de Claude NGONDIEP; Président de la Fédération camerounaise de Jeu de Dames
’’ La promotion et la vulgarisation du jeu de Dames au Cameroun sont au cœur de notre action’’
Bonjour Monsieur le Président, merci de recevoir l’équipe du journal Coulisses dans vos locaux pour cet entretien qui va porter sur l’état des lieux de la FECADAMES et ses perspectifs avenirs. Comment allez- vous ?
Bonjour à vous et aux nombreux lecteurs de votre journal. Je peux dire que je vais bien, malgré les vicissitudes nombreuses de la vie de tous les jours. Je me bats comme tout le monde pour être en santé et heureux si possible et offrir du bonheur à ceux qui m’entourent à divers niveaux.
Avant de commencer notre entretien monsieur le président, vous êtes très connu tant sur le plan national qu’international et sous plusieurs casquettes, pouvez-vous brièvement vous présenter à nos lecteurs ?
Il est possible que je porte effectivement plusieurs casquettes au niveau personnel et professionnel. Je suis un Camerounais ordinaire né d’une famille nombreuse du côté des Hauts-Plateaux. Je me qualifie comme ingénieur polytechnicien pour avoir fait des études à l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé, sanctionnées par un diplôme d’Ingénieur de Génie Electrique. Ensuite, j’ai engagé une vie professionnelle assez riche notamment à la SOPECAM. Le prétexte de votre visite est sans doute ma passion pour le jeu de Dames. C’est une vieille histoire qui remonte à mon jeune âge. Le jeu de Dames est ma passion, mon loisir préféré au-delà de son aspect sportif et compétitif. Je continue à le pratiquer non seulement de par mon statut de responsable national de la Fédération, mais aussi à divers autres niveaux, entre autres Arbitre International, Président du Comité d’Ethique de la Fédération Mondiale, Président de la Commission Technique de la Confédération Africaine de jeu de Dames.
Certains de nos lecteurs vous connaissent comme Ingénieur polytechnicien, Arbitre international rigoureux et discipliné. L’êtes-vous toujours? Que faites-vous actuellement et quels sont vos projets?
Je suis actuellement Président de la Fédération Camerounaise de Jeu de Dames. Mais à côté, j’ai des activités professionnelles et notamment, je suis Directeur d’une PME, une Imprimerie dénommée Express Services & Print.
C’est quoi LA FECADAMES ? Et quels sont ses objectifs ?
La Fécadames est la fédération sportive qui s’occupe de la promotion et de l’organisation de la pratique de jeu de Dames au Cameroun. Elle est née en 1995 à la suite d’âpres batailles des amoureux de ce sport qui voulaient le voir être reconnu et valorisé par les pouvoirs publics du Cameroun et notamment le Ministère de la Jeunesse et des Sports de l’époque. Il avait d’ailleurs beaucoup de mal à reconnaitre le jeu de Dames comme un sport, fut-il de l’esprit. Les gens le considéraient comme un simple divertissement, un loisir, un passe-temps pour les oisifs et les paresseux. Mais depuis qu’on a eu ce statut de fédération, les mentalités ont évolué rapidement. Les grandes victoires que nos joueurs ont remportées au niveau africain et mondial ont permis d’asseoir cette notoriété auprès de décideurs et du grand public. La Fecadames, comme les autres fédérations sportives agréées au Cameroun, s’occupe de la promotion de ce sport, de l’organisation des compétitions y relatives, de sa représentation dans les instances nationales et internationales. Actuellement, après l’acquisition d’un immeuble siège de la Fecadames à Yaoundé, nous travaillons sur de nombreux projets qui vont conduire à la vulgarisation de la pratique de jeu de Dames dans diverses couches de la société camerounaise. Il sera aussi question de créer et structurer les associations et clubs de jeu de dames qui font en réalité notre force, mais aussi de mieux organiser les compétitions à divers niveaux, d’attirer plus de partenaires et mécènes etc. Dans cette optique, notre site Web sera très bientôt disponible pour nous permettre d’être plus visibles au Cameroun et au-delà. Nous devons nous faire connaitre et faire savoir et partager ce que nous faisons.
Force est de constater que dans d’autres pays, l’on voit un fort engouement des jeunes pour cette discipline alors qu’au Cameroun ce sont plus les adultes qui s’intéressent à la pratique de ce sport. Comment comprendre cet état de choses ?
C’est un problème de culture qui date de très longtemps au Cameroun. Je vous ai dit que les pratiquants de jeu de Dames ont même eu beaucoup de mal à se faire une fédération, c’est-à-dire à se faire accepter par certaines autorités publiques. Il est possible que ceux qui s’adonnaient à ce jeu n’aient pas fait le travail de promotion nécessaire pour que le jeu de Dames se popularise auprès des jeunes et mêmes des femmes notamment. C’était vraiment une question d’adultes masculins, comme d’ailleurs pour d’autres jeu de société et de l’esprit comme le songo’o ou le jeu d’échecs par exemple. Mais nous allons travailler à inverser cette perception et cette tendance pour amener plus de Camerounais de tous les âges et sexes à pratiquer le jeu de Dames. Je vous rappelle que ce jeu est excellent comme pratique sportive de l’esprit, occupation ludique et facteur du vivre-ensemble socio- communautaire. C’est pour certains même une vraie passion que nous allons développer pour avoir plus de pratiquants et si possible de futurs champions.
L’on a constaté que la Fecadames ne dispose pas d’un programme de formation de la jeunesse, ni des cadres de formateurs. Comment expliquez-vous une telle situation ?
Ce n’est pas entièrement juste. Certes le Jeu de Dames n’est pas enseigné à l’INJS, mais une première promotion de cadres formateurs a été formée en 2008, avec l’appui de la Fédération hollandaise et de l’expert le GMI Krajenbrick. Nous y travaillons sérieusement en espérant que les moyens vont nous accompagner dans cette œuvre titanesque, surtout en direction des jeunes. Nous allons d’ailleurs les toucher directement dans les établissements scolaires et universitaires à travers un projet en cours de finalisation.
Ndjofang Jean-Marc est une référence en ce qui concerne ce sport, et on n’en parle pas trop ; comment préparez- vous la relève, et comment comptez- vous vulgariser et/ou promouvoir ce sport au Cameroun ?
Pour Jean Marc Ndjofang comme pour les autres, nous en parlons suffisamment. Ce sont nos lampes, nos porte-fanions. On ne peut les allumer et les mettre après sous le boisseau. Nos champions sont là et viennent de participer à deux grands tournois africains au Mali et au Burkina-Fasso. Leurs résultats ont été même très flatteurs, et nous allons faire savoir et célébrer ces sorties et trophées. Le Ministère des Sports et de l’Education Physique commence à nous porter une grande attention. Nous devons continuer à travailler pour mériter son soutien ainsi que celui des autres partenaires que nous avons déjà identifiés. Il y a tout un programme de vulgarisation du jeu de Dames qui va être mis en branle dès la prochaine olympiade. La promotion et la vulgarisation du jeu de Dames au Cameroun sont au cœur de ce vaste projet.
Vous avez organisé le championnat de jeu de dames édition 2016 du 12 au 16 août 2016 dernier au siège de la FECADAMES ; pensez-vous que ce fut une réussite totale ?
Vu les délais qui ont été raccourcis par la tutelle, ce n’était pas facile avec les moyens qu’il fallait mobiliser en si peu de temps. Mais avons réussi à faire tenir ces finales qui se sont déroulées dans des très bonnes conditions au siège de la Fédération. Les joueurs, les officiels, les autorités et le public ont répondu présents. Les médias ont couvert et relayé ce grand événement. Il y a certainement des choses à corriger pour l’avenir et nous y travaillons avec le concours de tous les responsables de la Fédération et des Ligues régionales et départementales
Quelles sont les difficultés majeures de la fédération ?
La fédération a réussi à se doter d’un siège. Le site web est en cours de finalisation. Ce sont des efforts financiers qui nous ont un peu épuisés. Nous avons donc besoin d’argent pour lancer divers chantiers, dont celui que j’ai cité en rapport avec la vulgarisation du jeu de Dames au Cameroun. Mais nous avons aussi besoin d’un personnel qualifié et disponible pour faire un certain nombre de choses au niveau administratif, organisationnel, technique, sportif/compétitif, marketing etc.
Certains de nos lecteurs pensent que la Fédération est en train de perdre non seulement sa notoriété, mais aussi l’espoir d’émancipation de ses pratiquants. Quelle lecture faites-vous de ces déclarations ?
C’est au contraire maintenant que notre fédération sort vraiment la tête de l’eau et renforce sa notoriété. On ne peut pas le penser et le dire juste au moment où la fédération se dote par exemple d’un siège, a un magazine trimestriel, lance un vrai site internet pour sa visibilité et les échanges avec les autres fédérations, les partenaires et le grand public. On ne peut le dire quand nous avons tous ces chantiers en cours et que le ministère de tutelle se satisfait de nos efforts.
Monsieur le Président, au moment où nous clôturons cet entretien, avez-vous un regret et/ou un souhait particulier? Si oui, lequel?
Je pense plus à l’avenir au point où je n’ai pas souvent le temps pour les regrets. Je suis de nature optimiste même dans la plus grande adversité. Elle ne manque pas malheureusement. J’inviterais plutôt les uns et les autres à travailler pour la gloire du jeu de Dames, dans un vrai esprit de collaboration, de partage pour que chacun apporte sa pierre à cet édifice. L’avenir est radieux si tout le monde s’y met. Tout le monde y gagnera parce que les vents sont favorables.
Beaulivier MOTA