Commerce du sexe:Les jeunes filles vont la concurrence dans les lieux de prostitution à Douala
Les lieux connus du commerce du sexe de la cité capitale enregistre une montée en puissance des jeunes élèves et étudiantes qui font leur arrivée dans le but de se faire un peu d’argent.
On va chéri ? J’ai le matériel encore neuf ! C’est pour toi mon bébé ». C’est la technique d’approche de Sandrine, 18ans, élève en classe de première dans un établissement public de la ville de Douala. La scène se déroule au lieu-dit « Carrefour j’ai raté ma vie » ou « Elf », rebaptisé tout récemment par les pouvoirs publics « Carrefour Nelson Mandela ». Dans l’arrondissement de Douala 3e, ce samedi 23 juillet 2016, il est 17 h. C’est la tombée de la nuit. Sur place, on observe une forte affluence des commerçantes de sexe qui sortent de leur réserve pour se mettre en visibilité sur les trottoirs. Il s’agit des jeunes filles, des femmes, des vielles dames. Chacune d’elle prend position sur sa place habituelle pour attraper un potentiel client.
Généralement, Vêtues des tenues extravagantes pour la plupart, elles font des va et vient perpétuels à la recherche des clients. Pendant ce processus, des discours du genre : « On va ! C’est à bon prix ! Je vais te faire ça bien ! », en présentant les parties sensuelles de leur corps se font entendre. En nous rapprochant davantage des lieux et en nous entretenant avec certaines de ses prostituées, force est de constater que la plupart sont âgée entre 15 et 26ans. « Je suis à ma quatrième année dans le commerce de sexe ici à Elf. C’est toujours pendant les grandes vacances que je viens chercher mon argent de scolarité. Je peux aller par jour quand le marché est bon avec 30 à 40 hommes. A raison de 1000 FCFA. Donc je fais une recette de 40.000FCFA de 19 h-06h du matin. J’ai la chance d’être encore toute fraiche et jeune et les hommes surtout les plus âgés aiment les petites filles comme moi », Confie Melissa, étudiante en 2ème année de Droit à l’Université de Douala.
Ici, plusieurs méthodes sont utilisées pour attirer l’attention du client. Certaines vont jusqu’à se caresser le corps à chaque passage d’un véhicule, ou d’un piéton. «Je n’ai pas honte de séduire un client. Quand je sors de la maison c’est pour travailler et j’ai le sang à l’œil. Quelques fois j’expose même ma nudité. Je vais même vers le client lorsque je sens qu’il a l’embarras du choix. Dès lors que je le touche, il frémit et du coup, il me sollicite. Je dois vraiment tout faire pour me faire de l’argent, car mon père est décédé et à la maison la maman n’a plus des moyens financiers pour s’occuper de tout le monde. Moi je veux encore fréquenter, et il faut que je cherche au moins une bonne partie de ma scolarité. J’ai eu mon baccalauréat cette année, et il faut aller à l’Université, je dois me battre encore pour gérer cette situation », affirme Ladouce, 19 ans.
Autres lieux, même réalité
C’est la même réalité dans les autres sites du commerce de sexe à Douala. Dans les quartiers comme Deido lieu-dit « rue de la joie », « grand moulin », Brazzaville, Bonaberi, Akwa, Bépanda lieu-dit « Américain », Nkolouloun, Maképè Bonamoussadi, Bonapriso…Ce qui attire le regard des passants, est la présence des belles de nuit. En l’occurrence les plus jeunes. Nous sommes le Dimanche 24 Juillet 2016, à Deido, lieu-dit « rue de la joie ». Il est 22 heures, Nina, 17ans en classe de 2nd, s’apprête déjà. Elle met un petit décolleté qui laisse apparaître ses seins, une mini-jupe rouge, une chaussure très haute, du rouge à lèvre. Vous ne vous trompez pas, c’est bien une fille de nuit. La soirée commence bien avec un premier client qui s’approche d’elle, l’aborde et s’en va avec elle. Une quinzaine de minute plus tard, elle sort et dit qu’elle vient d’avoir 3000 FCFA. En se confiant à nous, elle explique qu’elle gagne 30.000 FCFA lorsque c’est dur et 50.000 FCFA dans le cas contraire. Cela signifie coucher avec 30 ou 50 hommes en une nuit de « boulot ». Sa clientèle se situe dans l’intervalle de 47 ans en montant : « Les vieux aiment les jeunes filles », confie Nina, avant de préciser : « ce sont de bons payeurs ». Comme notre belle de nuit, Fifi, élève en classe de 3eme dans un établissement public à Bonaberie se livre au commerce au lieu-dit « Grand moulin ». « C’est une camarade qui fréquente dans un collège à Yaoundé, qui m’a montré cet endroit lorsqu’elle venait à Douala pour faire dans la vente du sexe pour aider sa mère à payer sa scolarité. Moi je suis issue d’une famille de 10 enfants, et le père qui ne travaille plus et vieux, il Ya plus l’argent. Or, je veux avoir au moins mon baccalauréat. Alors je suis obligé de trouver les voies et moyens pour avoir de l’argent ». Le plus vieux métier du monde qui est en lui-même une calamité l’est encore plus lorsqu’il est ainsi pratiqué par des mineurs. La prostitution gagne du terrain au Cameroun des mineurs s’y livrent au fil des jours. La majorité au Cameroun est de 21 ans. Mais les conditions de vie emmènent les mineurs à commettre des erreurs qui leur sont le plus souvent fatales avec les MST tel que le VIH-SIDA. Le taux de prévalence du Vih-Sida au Cameroun est de 5%, selon les autorités sanitaires du Cameroun. Un cri est encore donné à l’endroit des pouvoirs publics pour prendre des mesures qui s’imposent afin extirper ses mineurs dans ces espaces de plaisirs et trouver des solutions alternatives.
Fulbert FOFACK